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Médecins généralistes et détection de la polyauto-immunité

Case study
Polyautoimmunity

La polyauto-immunité fait référence à la présence de plus d’une maladie auto-immune chez un même patient1. Les maladies auto-immunes partagent fréquemment des facteurs de risque génétiques et environnementaux, ce qui augmente la probabilité que les patients développent plusieurs troubles auto-immuns au cours de leur vie2-4. Les médecins généralistes ont une occasion unique de jouer un rôle essentiel dans la détection précoce et la prise en charge qui peuvent radicalement transformer l’état de santé et la qualité de vie des patients5-7. Cet article décrit une étude de cas fictive, inspirée de scénarios rencontrés dans la vie réelle, pour démontrer l’importance d’une intervention précoce du médecin généraliste et de la réalisation d’un bilan auto-immun complet.

Reconnaissance des profils de polyauto-immunité : le parcours de Sarah*

* Cas fictif inspiré de scénarios réels

Identification de la patiente

  • Nom de la patiente : Sarah
  • Âge de la patiente : 24 ans
  • Sexe de la patiente : Femme 

Motif de consultation de Sarah

"Je me sens extrêmement fatiguée ces derniers mois et j’ai eu des épisodes fréquents de diarrhée et de douleurs abdominales."

Histoire clinique de la maladie actuelle 

  • Début : Les symptômes sont apparus plusieurs mois auparavant 
  • Symptômes : Douleurs abdominales, fatigue généralisée
  • Durée : Persistant depuis plusieurs mois
  • Caractère : Douleurs abdominales intermittentes, ballonnements, diarrhée
  • Facteurs aggravants ou atténuants : Les symptômes sont persistants ; aucun facteur atténuant clair 
  • Propagation : La douleur abdominale n’irradie pas
  • Moment : Épisodes fréquents de diarrhée et douleurs abdominales
  • Sévérité : Fatigue et léthargie ayant un impact sur les activités quotidiennes et la performance au travail

Antécédents médicaux 

  • Diabète de type 1 diagnostiqué 10 ans plus tôt
  • Médicaments : Insulinothérapie (posologie et fréquence non précisées)
  • Allergies : Aucune allergie médicamenteuse ou alimentaire connue

Antécédents familiaux

Aucune information donnée sur les antécédents familiaux de maladies auto-immunes

Antécédents sociaux 

Non-fumeuse, consommation d’alcool occasionnelle, a déménagé récemment pour le travail

Evaluation des organes

Gastro-intestinal :  Diarrhée fréquente, douleurs abdominales, ballonnements

Examen physique 

  • Signes vitaux : Dans les normes
  • Observations négatives pertinentes : Perte de poids importante, signes de fatigue
  • Observations positives pertinentes : Pas de détresse aiguë, pas de fièvre
diagramme de Venn montrant le chevauchement entre la maladie de Basedow et le syndrome de Sjögren

Évaluation

Problèmes principaux :  fatigue inexpliquée,  perte de poids, symptômes gastro-intestinaux

Diagnostics différentiels possibles :


Plan

Tests initiaux demandés :

  • Tests sérologiques de maladie cœliaque : Anticorps IgA anti-transglutaminase tissulaire (tTG-IgA) et IgA totales sériques
  • Fonction thyroïdienne et panel d’auto-anticorps : TSH, T4 libre, T3 libre, anticorps anti-TPO, anti-TG et anti-récepteur de la TSH 
  • Bilan métabolique complet : Électrolytes, fonction hépatique, fonction rénale et marqueurs nutritionnels
  • Évaluation du contrôle glycémique : Glycémie à jeun et HbA1c
  • Analyse des selles pour les affections gastro-intestinales : Antigènes de Helicobacter pylori, calprotectine fécale et sang occulte

Suivi après obtention des résultats des tests

  • Résultat positif du test de détection d’IgA anti-tTG très évocateur d’une maladie cœliaque.
  • Adresser à un gastro-entérologue pour une biopsie endoscopique de confirmation.
  • Une fois le diagnostic confirmé, orienter vers un(e) diététicien(ne) pour obtenir des conseils diététiques et une éducation sur l’observance d’un régime sans gluten strict.
  • Des suivis réguliers pour la surveillance de son diabète et de la maladie cœliaque qui vient d’être diagnostiquée.

Surveillance continue

Planification d’une surveillance visant à évaluer le contrôle de son diabète, l’observance du régime sans gluten et tout dysfonctionnement thyroïdien potentiel à l’avenir.

Conséquence : restauration de la qualité de vie

Des orientations judicieuses et un plan de soins structuré ont permis à Sarah d’obtenir des améliorations significatives en quelques mois. Ses symptômes ont été soulagés, elle a repris du poids, elle a retrouvé un niveau d’énergie normal et sa santé mentale s’est améliorée.

Points clés à retenir pour les médecins généralistes

Investigation précoce

Compte tenu de la prévalence de la polyauto-immunité chez les patients atteints d’un diabète de type 1, les médecins généralistes doivent envisager de manière proactive une maladie auto-immune lorsque les symptômes dépassent le cadre des effets attendus en raison des fluctuations de la glycémie. La recherche montre un risque plus élevé de maladies auto-immunes additionnelles chez les patients atteints d’un diabète de type 18,9.

Élargir le panel de tests de l’auto-immunité :

Le recours à un panel étendu de tests d’auto-immunité peut contribuer au diagnostic précoce des maladies auto-immunes. Cette stratégie permet d’identifier les patients présentant une polyauto-immunité latente (pas de symptômes cliniques malgré la présence des auto-anticorps), ce qui facilite les orientations vers des spécialistes en temps utile et permet de prévenir les complications3,5,8,9.

Les médecins généralistes en tant que sentinelles :

Les médecins généralistes jouent un rôle essentiel dans l’identification des profils de risques et la coordination des orientations vers des spécialistes. La mise à contribution rapide d’un spécialiste permet une intervention en temps utile, réduisant les complications telles que l’ostéoporose, l’anémie et les troubles neurologiques en cas de maladie cœliaque non diagnostiquée et évolutive9,10.

Vigilance continue :

Un dépistage de routine chez les patients à haut risque est essentiel compte tenu de la probabilité de développer d’autres maladies auto-immunes au fil du temps. La reconnaissance précoce permet des orientations en temps opportun avec de meilleurs résultats à long terme9,11.

Conclusion

Cette étude de cas met en évidence le rôle essentiel des médecins généralistes dans la reconnaissance des profils de polyauto-immunité, permettant d’orienter plus tôt vers des spécialistes et de prévenir les retards inutiles dans le traitement. En utilisant des outils de diagnostic et en ayant une vision globale, les médecins généralistes peuvent identifier plus tôt les patients à risque, ce qui améliore leur qualité de vie et les résultats pour leur santé à long terme.

 



Leviers actionnables pour les médecins généralistes

Envisager la recherche d’un panel complet d’auto-anticorps :  inclure les auto-anticorps thyroïdiens et le dépistage de la maladie cœliaque chez les patients atteints d’un diabète de type 1. En reconnaissant  les profils de polyauto-immunité  plus tôt, les médecins généralistes peuvent ouvrir la voie à de meilleurs soins et améliorer considérablement le devenir des patients.

1. Différencier les symptômes auto-immuns :

Distinguer les symptômes gastro-intestinaux liés aux maladies auto-immunes de ceux des autres affections, tel que le syndrome de l’intestin irritable.

2. Adresser à des spécialistes :

Veiller à ce que les patients soient adressés à des spécialistes en temps utile pour la confirmation et la prise en charge des maladies auto-immunes suspectées5.

3. S’informer :

Tenez-vous au courant de l’évolution des recommandations sur les maladies auto-immunes afin de dispenser des soins proactifs.

Références
  1. Anaya JM. The diagnosis and clinical significance of polyautoimmunity. Autoimmun Rev. 2014;13(4-5):423-426.

  2. Miller FW. The increasing prevalence of autoimmunity and autoimmune diseases: An urgent call to action for improved understanding, diagnosis, treatment, and prevention. Curr Opin Immunol. 2023;80:102266.

  3. Matusiewicz A, et al. Polyautoimmunity in rheumatological conditions. Int J Rheum Dis. 2019;22(3):386-391.

  4. Samuels H, et al. Autoimmune disease classification based on PubMed text mining. J Clin Med. 2022;11(15):4345. 

  5. Urruticoechea-Arana A, et al. Development of an application for mobile phones (App) based on the collaboration between the Spanish Society of Rheumatology and Spanish Society of Family Medicine for the referral of systemic autoimmune diseases from primary care to rheumatology. Reumatol Clin (Engl Ed). 2020;16(5):373-377.

  6. Tripathi P, et al. The kaleidoscope of polyautoimmunity: An odyssey of diagnostic dilemmas. Cureus. 2024;16(4):e57799.

  7. Kernder A, et al. Delayed diagnosis adversely affects outcome in systemic lupus erythematosus: Cross sectional analysis of the LuLa cohort. Lupus. 2021;30(3):431-438.

  8. Celis-Andrade M, et al. Prevalence of latent and overt polyautoimmunity in type 1 diabetes: A systematic review and meta-analysis. Diabetes Metab Syndr. 2024;18(2):135-142. 

  9. Zingone F, et al. Celiac disease-related conditions: Who to test? Gastroenterology. 2024;167(1):64-78.

  10. Lindfors K, et al. Coeliac disease. Nat Rev Dis Primers. 2019;5(1):3.

  11. Bliddal S, et al. Recent advances in understanding autoimmune thyroid disease: the tallest tree in the forest of polyautoimmunity. F1000Res. 2017;6:1776.